Bercy beaucoup : le Gospel conquiert les plus grandes salles

Un public francophone de plus en plus investi dans le suivi des groupes de Gospel.

A l’entrée des années 2000, alors que le nouveau succès public du « Gospel français » ou francophone ne se dément pas, de nombreux nouveaux groupes continuent à voir le jour et les publics s’élargissent, conduisant à investir les plus grandes salles de spectacle disponibles. Ces ensembles ne sont pas l’apanage de chantres d’origine africaine ou caribéenne : de plus en plus de métropolitains s’approprient activement cette musique en s’insérant dans des chorales Gospel, voire en en créant de toute pièce.
 
Entre Picardie, Rhin et Méditerranée, essor des groupes en province

Pour citer trois exemples « en province », la chorale semi-professionnelle Pop-Gospel, issue du terroir de Picardie, circule dans toute la France, en costume et robe blanche, au service d’un répertoire énergique et entraînant. Quant à la chorale Joie et Vie, intitulée « L’Alsace couleur Gospel », elle parvient à mobiliser 250 choristes autour d’un répertoire de « chants gospels classiques et contemporains » qui font chavirer le public. Entre Montpellier et Marseille, le quartet des Soul Travelers, fondé en 1999 par le fils de pasteur Fred Lewin, popularise de son côté jusqu’en 2011 auprès de nouveaux publics « un programme de Gospel songs, traditionnels ré-arrangés ou compositions du groupe sur des rythmiques classiques et modernes ».

Et l’on pourrait continuer la liste ! Il reste que les principales têtes d’affiches restent marquées par une hybridation entre terreau francilien et influence afro-caribéenne.
 
Le Gospel francilien investit les plus grandes salles

Gospel chords singers (dirigés par Monique Ange-Ertain), Psalmodial, Gospel Voices… Les troupes naissent les unes après les autres depuis les années 1990. Les plus importantes sont Gospel Dream en 1990, Gospel pour 100 voix en 1998, New Gospel Family en 2001, et Total Praise Mass Choir lancé en 2003 par l’église Centre du Réveil Chrétien (CRC) (1)… Par leur échelle et leur ambition, ces chorales bien entraînées ouvrent de nouveaux espaces et créent l’événement. Ainsi, Gospel pour 100 voix, « réunion de choristes venus des meilleurs ensembles gospel d’Europe »(2), multiplie les concerts spectaculaires dans les salles parisiennes les plus prestigieuses (Palais Omnisport de Bercy, Palais des Congrès, Zénith…). C’est le cas aussi de la New Gospel Family, composé en assez large partie de choristes français, en majorité franciliens, qui investit à quatre reprises le Zénith de Paris (à dater de 2015). Autodéfini comme le « premier groupe de Gospel urbain de France », cet ensemble vocal en constant renouvellement n’hésite pas, en 2012, à s’ouvrir sur l’électro Gospel. Et le courant passe !

Quant aux emblématiques précurseurs que sont les Chérubins, héritiers de l’époque des « vaches maigres », ils retrouvent une seconde jeunesse et attirent aussi les foules. Depuis Sarcelles, ils éditent un album en 2004, porté par une chorale de 65 personnes qui chante en anglais, en français, en créole, en boulou et en lingala. Son titre ? « I’m ready to go », « Je suis prêt à y aller ». Comme un résumé du nouvel état d’esprit qui anime la scène Gospel en France au début du XXIe siècle : après un temps de maturation (répertoires, publics, groupes), des groupes prêts à de nouvelles avancées, dans une France inquiète, pétrie de peurs, en quête de happy days.
 

(1) Eglise évangélique de type néocharismatique située à Saint-Denis (93), conduite par les pasteurs Jocelyne et David Goma.

(2) Priscille Muller-Lafitte,  » L’aventure du gospel français », Réforme, n°3187, 3 août 2006.